On parle énormément de l'importance de la créativité en entreprise. Comment l'encouragez-vous chez Sid Lee?
Depuis toujours, nous nourrissons la créativité de nos employés en les encourageant à explorer et à réaliser des projets personnels. Ces derniers permettent d'aborder de nouvelles disciplines, de nouvelles techniques et de travailler avec de nouveaux collaborateurs. Les entreprises doivent davantage encourager ce genre de projet.
Vos projets photographiques personnels s'inscrivent donc comme un prolongement de vos activités professionnelles?
Le projet que je présente à l’Arsenal est un projet qui m’intéressait en tant qu’artiste, donc qui n’est pas lié à mon travail chez Sid Lee, mais qui est tout à fait représentatif du genre de créativité que l’on souhaite que nos employés développent, autant dans les équipes de création que dans le reste de l’organisation.
La créativité est-elle aussi essentielle pour les patrons d'entreprises et pour les gestionnaires que pour les métiers créatifs?
«La créativité est un muscle qu'il faut entraîner.»
Je ne crois pas qu’il soit exact de dire que la créativité se limite au domaine des entreprises créatives, ça va bien au-delà de ça! On voit beaucoup d’entreprises dans d’autres secteurs qui font preuve d’une capacité à innover, et c’est fondamentalement alimenté par la créativité des équipes. Il n'est pas très productif de faire une distinction entre les industries créatives et les autres industries. Notre croyance fondamentale, c’est que la créativité est un muscle qu’il faut entraîner. En partant de ce principe, c’est important que toutes les organisations se voient comme des organisations d’innovation.
Comment faites-vous pour garder votre esprit allumé et générer de nouvelles idées constamment?
«La recherche de ce qui nous rend inconfortables est un des moteurs essentiels de la créativité.»
La notion de curiosité intellectuelle, c’est le carburant fondamental de la créativité. Personnellement, j’aime beaucoup me sortir de ma zone de confort. Quand j’étais aux États-Unis, dans l’univers de la culture des armes à feu, j’étais complètement en dehors de ma zone de confort. C’est un exemple assez extrême, mais la recherche de ce qui nous rend inconfortables, de ce que l’on ne connaît pas, est, selon moi, un des moteurs essentiels de la créativité.
Qu'est-ce que ce projet dans le désert de l'Arizona vous a appris?
Il est très facile pour nous de mal comprendre ces phénomènes. Ma position sur la culture des armes à feu n’a pas beaucoup changé, mais que je comprends mieux ce phénomène en faisant preuve d'empathie. Je pense qu’une meilleure compréhension de cette réalité est plus susceptible d’amener des solutions à long terme, plutôt que de tout rejeter du revers de la main et de vivre dans une chambre d’écho. J’ai donc décidé de sortir de ma chambre d’écho et d’essayer de comprendre comment d’autres personnes pensent.
L’exposition In Guns We Trust est présentée à l’Arsenal de Montréal du 17 septembre au 20 décembre 2019.
Le livre, publié aux éditions Magenta, est offert en ligne.