03 Mai 2021 crop
Le hic? Cette vision n’est pas toujours en ligne avec la propre perspective de l’employé. De fait, on constate tout au long de l’étude des écarts, souvent énormes, entre ces deux visions. Ces deux solitudes?
Ainsi, si on demande aux employés d’identifier les principaux critères qui influenceraient leur choix pour accepter un nouvel emploi, ils répondent ceci : Constat principal de Dominic Bourdages, vice-président chez CROP, les gestionnaires des ressources humaines tablent sur des critères qui s’avèrent somme toute peu importants pour l’employé. Et inversement, ils ont tendance à sous-estimer ceux qui valent leur pesant d’or dans la balance du candidat.
Or, en posant la même question aux gestionnaires, on constate que ces derniers sous-estiment l’importance qu’ont pour l’employé les tâches et son rôle (55 % vs 77 %). Et à l’inverse, ils surestiment l’importance de la mission et des valeurs de l’entreprise (45 % vs 36 %) et les perspectives d’avenir (36 % vs 23 %).
Ce clivage de valeurs entre le gestionnaire et l’employé n’est pas sans conséquence. Notamment au niveau des stratégies d’embauche. Ainsi, lorsque l’on demande aux gestionnaires de lister les trois principaux arguments de vente qu’ils servent à leurs candidats, on obtient les points suivants:
Constatant que le critère le plus important pour l’employé (les tâches et le rôle) n’arrive qu’en troisième position, il est clair pour Dominic Bourdages que les gestionnaires n’accordent pas le même poids aux critères qui importent à l’employé.
Il est temps de remettre l’employé au centre de l’équation
Comme élément de réponse à cette apparente opposition de valeurs, Dominic remarque que le discours des gestionnaires est principalement centré sur l’entreprise. Un peu comme l’ami fatiguant qui ne parle que de lui, toute la discussion semble tourner autour de l’entreprise elle-même; faisant ainsi fi des critères qui importent réellement à l’employé. « Il est temps de remettre l’employé au centre de l’équation », suggère-t-il.
Et donc de l’écouter.
Car d’autres éléments sous-estimés par le gestionnaire ressortent également de l’étude. Notamment, le caractère agréable des tâches, la possibilité de faire du télétravail (ce qui n’est présentement pas un problème, ou plutôt un problème inverse!), le nombre de jours de vacances (un point qui vaut énormément plus aux yeux de l’employé que l’employeur pourrait croire), les politiques internes en matière de diversité et de bien-être au travail.
L’employé ne veut pas qu’un job. Il veut se trouver une raison d’être qui déborde largement de la table de babyfoot, du café gratuit et des activités sociales (des critères surestimés par le gestionnaire).
L’employé veut se réaliser. Il veut s’accomplir.
Enfin, les deux parties s’entendent sur un point : l’importance de la formation dans l’équation. Mais encore là, on semble sous-estimer les valeurs sous-jacentes associée à la formation aux yeux l’employé.
Ainsi, si ce dernier croit que le choix de la formation devrait lui incomber (82 %), les gestionnaires ne sont d’accord avec cette affirmation qu’à 63 %. Et si les deux parties s’entendent sur la formation comme moyen de développer les compétences (55 % pour les employés vs 48 % pour les gestionnaires), d’autres raisons évoquées par les employés diffèrent de celles des gestionnaires:
Encore une fois, on notera ici une différence de perspective selon le bout de la lorgnette par lequel on regarde l’impact de la formation. L’employé veut gérer sa carrière de façon globale alors que le gestionnaire ne semble y voir qu’un bénéfice à court terme pour l’employeur. Nombrilisme, disions-nous?
Pas que. Dominic nous fait remarquer que les ambitions professionnelles des employés divergent largement de celles de nos parents. À l’époque, on travaillait toute sa vie dans la même entreprise. Aujourd’hui, ce n’est plus tellement le cas.
Plus que jamais, l’employé veut développer ses compétences. Plus que la quête d’obtenir un meilleur salaire. Plus que la perspective d’avoir plus de responsabilités, plus que celle d’avoir une promotion. Toutes des composantes qui importaient à papa et maman lorsqu’ils travaillaient.
Plus que jamais, il importe de permettre à l’employé d’avoir le sentiment de progresser. Pas uniquement par le salaire ni les éventuelles promotions, mais surtout par l’acquisition de compétences.
1 employé sur 4 ne serait actuellement pas heureux au travail
Pensez-y. Selon l’étude de CROP, 1 employé sur 4 ne serait actuellement pas heureux au travail. C’est énorme! On le redit, il est temps pour le gestionnaire et l’entreprise de mettre l’employé au centre de l’équation. De parler son langage. De lui permettre de progresser et d’acquérir des compétences nouvelles.
De goûter au bonheur, quoi!